D’un lieu et d’un temps incertain.
Avant le départ.
Tout a commencé au son d’un rythme entêtant et hypnotique d’une vieille chanson des Stones qui parlait d’une certaine sympathie pour le diable.
Tout a commencé quand tu m’as fait part de tes impossibles rêves et désirs. Et qu’il m’a fallu les accepter.
Alors, la petite musique s’est insinuée, doucement. D’abord la partie rythmique, d’abord les percussions. Tribales, entêtantes, évidentes, appuyées par des maracas un peu folles. Puis quelques cris, une voix sensuelle et profonde qui entonne « Please allow me to introduce myself ». Quelques accords simples de piano, une basse qui souligne ce qui va se dire. Et enfin ces chœurs murmurés, prégnants. La transe s’installe, le mal est là, tapi quelque part.
« Est-ce la main de Dieu, est-ce la main de Diable ?» me susurre Barbara. Sans doute un peu des deux, et qu’importe au fond.
Il y a ce rêve que je faisais enfant. Je marchais sur un sentier, ou plutôt nous marchions, le chemin et moi, dans une sorte de double mouvement au milieu de couleurs extraordinaires, d’odeurs, de musiques et de sons s’entremêlant dans un incessant changement de paysage. Un rêve des années 70, psychédélique et coloré qui ne m’a jamais quitté et qui me revient plein d’évidence.
Il y a ces perles de verre, ces paroles entremêlées de musique, de peinture et de poésie. Il y a ces différentes histoires de moi que je dois écrire pour d’apprenti devenir initié. Ces récits d’apprentissage d’une époque romantique révolue.
Il y a aussi cette caméra posée sur la plage dans ce film de Lelouche « Un homme et une femme ». Ces personnages dont on ne connait pas la trajectoire. Ces images sans le son qui se resynchronisera plus tard peut-être. Il y a ces possibles du futur et du passé que paradoxalement seul le fil du présent pourra dénouer.
Il y a toutes ces images qui s’impriment sur nos rétines mais qui pourtant ne s’arrêtent pas sur une simple membrane de l’œil. Il y a toutes celles et ceux qui ont composé ma vie. Il y a le temps qui passe.
Il y a la nécessité d’une parenthèse, d’une pause. La nécessité d’une resynchronisation des images, du son, des odeurs, de ce qui donne la saveur. Il y a la nécessité d’une échappée solitaire, non pas une fuite, mais plutôt un rassemblement, un resserrement, une nécessité d’emporter en un autre lieu tout ce qui me compose pour le refaçonner. Me rappeler qui je suis. Voilà, partir pour me revenir. Et quoi de mieux que de rejoindre ce sentier qui marche en même temps que moi.
L’important n’est pas le chemin emprunté, mais le voyage et ses possibles, ses inattendus, ses imprévus, ce qu’il peut me dire de moi. Je vais traverser un continent à la seule force de mes jambes et j’ai pourtant le sentiment d’un voyage immobile.
J’ai compris qu’il n’y a pas d’imposture dans le récit, qu’il n’y a que du désir.
Tout commence au son d’un rythme entêtant et hypnotique d’une vielle chanson des Stones qui parle d’une certaine sympathie pour le diable.
Tout commence …
Sympathy for the Devil (The Rolling Stones)
Please allow me to introduce myself
I’m a man of wealth and taste
I’ve been around for a long long year
Stolen many men’s soul and faith
[…]
Pleased to meet you, hope you guess my name
But what’s puzzling you is the nature of my game
