J45 à J51 (10 au 16 juin) : Mile 702 à 788,5


J45 (10 juin) : Mile 702 à 722

Depuis Kennedy Meadows on chemine dans une plaine pendant 1 heure puis on attaque l’ascension vers les hauts sommets. Le sac est très lourd sur les épaules. C’est douloureux et ça ralenti.
La première ascension va nous mener de 6000 à 7800 pieds où se trouve un plateau avec une grande rivière. Une deuxième ascension va ensuite nous mener à 8500 pieds où je retrouve Joris pour le pique nique.
Ensuite nous redescendons à 7800 pieds et enjambons une grande rivière sur un pont de bois. Puis une longue montée raide qui nous mène à 10200 pieds à la limite du manteau neigeux. Des marmottes jouent autour de nous. Nous campons sur un éperon avec une superbe vue sur le vide.


J 46 (11/06) Mile 722 à 743

On finit la montée dans la neige puis on redescend face nord avec une neige bien dure pour se retrouver dans un vallon plein de cours d’eau. On reprend ensuite une ascension bien raide dans les rochers qui se termine dans la neige à 10 500 pieds avec un beau site pour le pique nique. On redescend ensuite à 10 000 pieds pour le bivouac.


J 47 (12/06) mile 743 à 755,2

On est maintenant complètement dans la neige, on va rester en plateau autour de 11000 pieds pour la journée. On traverse de grandes étendues de neige magnifiques avec des forêts de séquoias majestueuses. La progression dans la neige est difficile et lente. Le matin tôt, la neige est dure et donc plus facile à marcher avec les crampons qui accrochent bien. Par contre, à partir de 9h00 elle devient molle et on s’enfonce énormément, parfois jusqu’à la cuisse. Se retirer des trous est difficile et fatiguant, ce qui rend notre progression lente. En 10h00 nous n’aurons finalement fait que 13 miles, ce que nous avions anticipé sur notre planning heureusement. Le 2ème élément qui nous ralenti est l’absence de chemin au sol puisque couvert de neige et absence de balisage. On suit donc des traces dans la neige quand il y en a, sinon il faut sortir le GPS régulièrement pour corriger nos trajectoires. Nous campons finalement sur un petit bout de terre entouré de neige.


J 48 (13/06) mile 755,2 à 766,5 + 1 mile pour le camp de base

Nous nous réveillons vers 5h00 et tout est gelé autour de nous. Il fait—5°C au thermomètre de Fred. Mon filtre à eau est gelé car je l’ai laissé sous l’auvent de la tente, il va falloir le réchauffer avant de partir. Nous entamons notre journée à 6h00 sur une neige bien dure, ce qui facilite nettement notre progression avec des crampons qui accrochent bien et nous ne nous enfonçons pas. Le lever de soleil dans la forêt est de toute beauté. On n’entend que nos pas qui crissent sur la neige dure. On descend dans un vallon où se trouve notre première rivière à traverser. Il s’agit de Rock Creek qui va s’avérer facile à franchir presque au sec car un arbre mort l’enjambe presque entièrement. Heureusement car le débit est assez fort. De l’autre côté on tombe sur une biche qui se laisse prendre en photo. Vient ensuite une ascension très raide d’abord dans un pierrier puis dans la neige. Au milieu coule un grand ruisseau impétueux mais facile à traverser. Nous y faisons une pause et remplissons nos gourdes avant de terminer la côte. Ensuite nous descendons dans un grand cirque de neige puis atteignons un lac gelé que nous contournons et nous remontons un pic sur lequel nous pique niquons avec une superbe vue sur les vallées alentours. Nous effectuons plusieurs descentes et montées qui vont nous mener sur la rivière Whitney Creek au pied du mont Whitney. Il faut la traverser à pied cette fois, pas de tronc. Nous nous mettons en caleçon et chaussures légères pour la franchir, avec notre sac sur le dos et les bâtons pour nous maintenir debout. Je passe le premier et mes camarades me suivent une fois que je suis passé. C’est froid (2 à 3°C) mais c’est vite traversé et surtout il fait chaud dehors avec un grand soleil. On sèche donc rapidement sur l’autre rive et on se rhabille de nos vêtements secs et de nos chaussures de montagne sèches. On remonte ensuite un affluent qui va nous mener au camp de base pour l’ascension du mont Whitney où nous attendent Rémi et Joris qui avaient de l’avance sur nous.
Après discussion avec d’autres randonneurs, Obi Fred et moi décidons de ne pas faire l’ascension du mont Whitney car elle s’avère très longue (13 à 18 heures) et difficile cette année en raison de l’enneigement exceptionnel. On va donc laisser Rémi et Joris le faire seuls. Ils vont partir à minuit pour avoir de la neige bien dure. On se rejoindra à Bishop dans 3 où 4 jours.


J 49 (14/06) mile 766,5 à 774 + 1 mile pour descendre du camp de base

On part vers 5h30 pour profiter de la neige dure. On traverse de grandes plaines et des forêts puis on descend dans un vallon avec la rivière Wallace creek à traverser, qui ne pose pas de grande difficulté. On remonte ensuite pour traverser la rivière Wright Creek qui elle est assez violente et difficile à franchir. On s’encorde pour assurer le passage chacun notre tour. Heureusement un tronc est immergé juste en amont et nous nous tenons à ses branches qui émergent car nos bâtons ne suffisent pas à nous stabiliser dans le fort courant. Nous refaisons ensuite une ascension puis une descente qui nous mène au campement au pied de Forrester Pass, le plus haut col de la Sierra que nous aurons à traverser (13 123 pieds) et l’un des plus difficiles. Il se trouve à 5,7 miles de notre camp. Nous passons l’après midi à nous préparer et à nous reposer car il faudra l’attaquer très tôt pour avoir de la neige dure jusqu’au col sinon ce sera trop dangereux. Nous décidons de nous lever à 1h00 pour un départ à 2h00 à la frontale


J 50 (15/06) mile 774 à 787

Nous partons donc à 02h00 à la frontale sous belle lune presque pleine et un ciel bien clair. À 02h30 nous avons une rivière à traverser et elle est très violente. On se déshabille dans la neige et on s’assure avec la corde. Je passe le premier, ça secoue sacrément et le froid me saisit les pieds. Le milieu de la rivière est très fort, il faut bien assurer ses appuis avec les pieds et les 2 bâtons de marche pour ne pas se faire emporter. Je sors rapidement de l’autre côté de la rive et cours me frictionner les jambes avec une serviette puis je me change pour essayer de me réchauffer. Obi puis Fred passent aussi. On se réchauffe rapidement puis on repart vite pour ne pas se refroidir. Nos pieds resteront douloureux pendant une bonne demi heure. L’ascension commence vraiment et va durer 3 heures dans la neige dure qui accroche bien et dans une pente régulière. Vers 5h00,le soleil commence à pointer derrière les sommets alors que nous arrivons en bas de la falaise. On voit la passe 200 mètres au dessus de nos têtes et on devine la trace pour y accéder. C’est assez impressionnant quand on voit la pente raide enneigée qu’il va falloir gravir. L’accès se fait donc tout d’abord par une montée en dévers en zigzag dans laquelle il faut bien placer les crampons et le piolet pour garder de bons appuis car la pente est raide. On passe ensuite des rochers qui affleurent par-dessus la neige, puis on retrouve le chemin sans neige sur une centaine de mètres. Enfin, on accède au dernier passage, le plus impressionnant juste sous le col. Il faut à nouveau passer dans un gros dévers enneigé sur une trentaine de mètres. En dessous de nous il y a 200 mètres de vide. Ce n’est pas extrêmement dur techniquement car la trace est bonne et les appuis sûrs, mais c’est très impressionnant. On accède finalement au sommet vers 7h00 et on s’ouvre une cannette de bière que je traîne dans mon sac pour l’occasion depuis 5 jours. C’est un grand bonheur et un grand soulagement d’avoir réussi à franchir ce col réputé difficile quand il est enneigé.
Nous entamons ensuite la descente alors que la neige commence déjà à ramollir, ce qui est pas mal car on peut descendre en glissade sur les fesses sur certaines pentes où il n’y a pas de danger. Un randonneur local nous apprend la technique de maîtrise avec le piolet et nous ouvre la voie. C’est un régal de dévaler la pente et on en profite pour parfaire notre technique d’arrêt au piolet sur des pentes faciles. La descente jusqu’en fond de vallée 4000 pieds plus bas va nous prendre presque 7 heures + 1h00 de pause repas. On ne revoit la terre qu’arrivés à notre campement vers 15h00,ce qui nous fait une journée de 13h00. On est fatigués et on s’offre une bonne sieste après avoir monté nos tentes. Demain, on sort de la montagne pour un repos bien mérité et un ravitaillement avant d’entamer une nouvelle section de 7 à 8 jours en autonomie dans la montagne. Mais pour cela il nous faudra prendre un chemin hors du PCT de 9 miles et franchir un nouveau col dans les 11 000 pieds.


J 51 (16/06) mile 787 à 788,5 + 9 miles pour sortir de la Sierra

On part à 4h30 pour profiter de la neige dure et on commence par une ascension assez raide de moins d’1 heure dans la neige. On prend la bifurcation vers le col de Keasarge qui va nous faire passer par une série de lacs glacés dans un grand cirque boisé. Il faut ensuite se hisser dans la pente pour accéder sous le col. La montée n’est pas difficile techniquement mais elle est très pentue et donc fatigante. Cette fois-ci l’arrivée se fait sur le chemin déneigé en zigzag sur environ 500 mètres. La vue est magnifique avec un grand lac gelé de l’autre côté. On prend un peu de repos puis commence la descente de 3000 pieds qui va nous amener sur un parking de départ de randonnée. On repère les lieux car on devra réemprunter ce même chemin pour rentrer dans la Sierra après notre ravitaillement et on compte dormir sur le sentier à un endroit déneigé après avoir fait une première ascension.
Arrivés au parking, on a la chance de trouver un surfeur qui rentre sur Bishop à 40 miles d’ici et qui accepte de nous amener dans sa voiture. On s’installe à l’hostel California, un joyeux repères de randonneurs avec une grande salle à manger, de grand salons avec des films et des jeux, une grande cuisine commune avec de gigantesques frigos à notre disposition. On se régale d’une grande douche chaude et on fait notre lessive au lavomatic juste en face en utilisant de super vêtements babs propres mis à notre disposition par l’hôtel en attendant que notre linge soit propre. On va prendre 2 jours pour attendre Rémi et Joris et étudier la suite du parcours.

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