J 54 à J 64 (19 au 29 juin) Mile 788 à 906

J 55 (19 juin) : 2 miles hors PCT

On part avec un Uber de Bishop vers 14h00 pour rejoindre le parking du départ. On monte pendant ¾ d’heure pour rejoindre la limite terre/neige et on plante nos tentes. Demain on pourra monter le col de Kearsage tôt pour profiter de la neige dure.
Le spot est très beau au bord d’un lac. Obi et Joris vont en profiter pour se baigner dans l’eau à 3 degrés. Je passe mon tour…
Les prochains jours, nous allons franchir quasiment 1 col enneigé par jour. Ce qui implique de se poster le soir à moins de 4 miles pour faire la montée tôt le matin (jusqu’à 12 000 pieds en général, sachant que la limite de la neige est environ à 10 000 pieds actuellement) puis de descendre le col dans la foulée jusqu’au fond de la vallée (entre 8 000 et 9 000 pieds), puis enfin de remonter à la limite de la neige pour se placer pour le col du lendemain. Nous avons donc préparé soigneusement notre itinéraire qui nous fera passer par 7 cols en 10 jours dont 4 majeurs au dessus de 12 000 pieds. Nous partons avec 8 jours de nourriture, ce qui est très lourd. Nous ferons un réapprovisionnement à J8 à VVR (un village vacances au bord d’un lac de montagne) pour les 2 jours restants. Nous serons donc plusieurs groupes à faire le même parcours imposé par le rythme 1col / 1 jour en période enneigée. Nos poursuivants plus tardifs ne seront pas tenus par ce rythme car les cols seront déneigé dans quelques semaines.
Nous aurons aussi à franchir de grosses rivières et des marécages en fond de vallée car nous sommes en pleine débâcle, la chaleur étant arrivée 1 mois en retard cette année et les tempêtes hivernales du mois de mai ayant rajouté de la neige à une année déjà très enneigée. En revanche, les cours d’eau d’altitude seront encore couverts de neige et nous devrions les passer sur des ponts de neige solides.


J 55 (20 juin) : 7 miles hors PCT + 2 miles PCT (788 à 790)

Nous partons à 4h30 et faisons l’ascension du col de Kearsage que nous avions passé dans l’autre sens pour sortir du PCT. L’ascension est longue mais ne présente pas de difficulté majeure. Nous rejoignons le PCT en restant toujours dans la neige puis remontons encore 2 miles pour nous placer sous Glen Pass (les cols sont appelés Pass en anglais). Nous y arrivons vers 14h00 et plantons nos tentes sur de petits espaces déneigés entourés de rochers. Le vent se lève et rafraîchit pas mal la température ressentie.


J 56 (21 juin) : mile 790 à 801

Départ à 4h30 pour monter Glen Pass. L’ascension est assez raide mais pas trop technique. Par contre, la descente est très raide mais il y a heureusement une bonne trace profonde qui nous permet de bien tenir dans la pente, assurés par nos piolets et nos crampons qui accrochent bien sur la neige matinale encore dure.
Nous descendons ensuite en passant par un lac dégelé dont nous allons traverser un bras à gué, avec de l’eau jusqu’à la taille. Viennent ensuite 2 rivières en fond de vallée sans trop de difficulté. Nous entamons ensuite la remontée de la vallée pour se placer sous Pinchot Pass. 2 miles avant le campement, nous avons à traverser un cours d’eau pas très large (6 à 7 mètres) mais très violent et surtout qui tombe vers une très grosse rivière 30 mètres plus bas. Nous croisons un groupe de 4 personnes qui ont planté leurs tentes avant la traversée car une des randonneuses ne se sentait pas de faire la traversée et préférait attendre le lendemain matin pour la faire (le débit étant théoriquement un peu moins fort le matin). Nous décidons de la passer quand même ce soir mais nous installons un système de cordage pour nous assurer et ne pas finir dans la grosse rivière en furie du dessous si jamais nous chutons. Joris passe le premier que nous assurons de la berge. J’installe ensuite le système d’assurage entre 2 arbres solides et je confectionne une boucle entre ce cordage et nous. Nous passons un à un et je rattrape Obi par le bras car elle manque chuter sur la fin de traversée. Nous arrivons finalement tous sains et saufs de l’autre côté et avons une pensée pour la randonneuse restée en amont qui va ruminer cette traversée toute la nuit…
Nous plantons nos tentes 2 miles plus haut et faisons sécher nos chaussures et nos affaires avec les quelques minutes de soleil restantes.


J 57 (22 juin) mile 814 à 824

Départ encore une fois à 4h30 pour une longue ascension, Pinchot Pass se trouvant 6 miles plus haut. L’approche est donc longue et éprouvante puisqu’elle se fait quasiment entièrement dans la neige. Je commence à être bien habitué aux crampons et au piolet et je sais maintenant leur faire confiance. Je sens maintenant jusqu’où je peux pousser leurs limites et c’est rassurant, je suis moins crispé. Nous franchissons le col assez tard, vers 08h00 mais heureusement la neige est encore dure. La descente en revanche va être plus fastidieuse dans une neige molle qui va nous ralentir énormément. Nous glissons et nous nous enfonçons dans d’énormes trous, parfois jusqu’à la cuisse. C’est épuisant et nous progressons très lentement. Le fond de vallée reste assez haut et se trouve donc quasiment entièrement sous la neige. La remontée pour se positionner pour le col suivant est donc très difficile aussi dans cette neige molle mais nous devons absolument monter le plus haut possible car Mather Pass est réputée pour être au moins aussi difficile et dangereuse que Forester Pass que nous avons faite quelques jours auparavant. Nous montons donc pour nous placer à 3 miles du col et arrivons épuisés après une journée de 13 heures. Nous plantons nos tentes dans la neige pour la première fois. Il nous faut pour cela tasser la neige pour créer des plate-forme assez plates. Le site est superbe, mais on sait que la nuit va être très froide à cette altitude en dormant sur de la neige…
J’appréhende la journée de demain qui nous verra gravir Mather Pass où il faudra grimper des pierriers et un mur de neige glacée.


J 58 (23 juin) : mile 814 à 824

Nous nous réveillons à 3h00 du matin. La nuit a été très froide, il fait -5°C au réveil. Nos matelas ne sont pas assez épais pour nous protéger du froid du sol enneigé. Nous avons donc passé une nuit très courte et froide. Toutes nos affaires restées dehors sont gelées et collées à la neige. Nos chaussures sont complètement gelées (l’humidité d’hier n’a pas eu le temps de sécher et s’est donc transformée en glace dans le tissu). Nous passons donc un bon quart d’heure à casser la glace de nos chaussures pour pouvoir mettre nos pieds dedans. Nous devons ensuite casser la glace au piolet pour arriver à sortir les sardines de la tente qui était elle-même collée à la glace. Bref, on finit par partir à la frontale comme tous les matins. À noter que nous avons la chance d’avoir une lune assez pleine depuis que nous marchons de nuit, ce qui est très beau et agréable.
L’approche du col est assez facile et peu pentue car on a fait le plus dur la veille. On arrive donc assez rapidement au pied du col. Il est très impressionnant vu d’en bas. Le mur est très raide et haut, avec plusieurs pierriers à traverser au milieu. Il y a plusieurs voies, la plus facile est à droite, mais nous choisissons de prendre à gauche car il y a eu des avalanches récentes à droite. Il faut donc d’abord accéder à un premier pierrier puis repasser sur le mur de neige pour accéder à un deuxième pierrier puis entamer l’ascension finale dans un mur très raide, tout d’abord presque de face puis en Z dans une pente qui doit avoisiner les 60°, accroché solidement à mon piolet qui assure chacun de mes pas. J’avance sans m’arrêter et arrive finalement en haut avec mes camarades. Je suis très heureux d’avoir réussi cette ascension que j’appréhendais depuis quelques jours et qui a fait renoncer pas mal de randonneurs.
Nous entamons ensuite la descente qui va s’avérer longue car elle va nous faire redescendre de 12 000 pieds à 8 000 pieds. Nous traversons un plateau avec plusieurs lac gelés, la neige se ramollie rapidement et nous entrave. Puis d’un coup, on arrive dans une gorge qui va descendre très rapidement en lacets dans des pierrier et des cascades d’eau ruisselantes nous accompagnent. La neige disparaît d’un coup et nous progressons à nouveau rapidement dans un descente qui va nous faire chuter de 3 000 pieds d’un coup. On arrive en bas de vallée au sec vers 15h00 et nous plantons nos tentes détendus car demain sera une journée d’approche de col uniquement sur 11 miles avec de la neige seulement sur les derniers miles. On fait sécher nos affaires et on s’offre une bonne sieste bien méritée.


J 59 (24 juin) : mile 824 à 835

Nous avons passé une très bonne nuit et nous nous offrons le luxe d’une grasse matinée jusqu’à 6h00. Nous partons donc à 7h00 et terminons les 3 miles de descente, puis on entame l’ascension sans neige tout d’abord. On longe une grosse rivière dans les bois, la middle fork king river. Joris à vu un ours mais il était derrière moi… Je vois pas mal de chevreuils proches de nous. On se place sous Muir Pass que l’on franchira demain matin. On campe au milieu de la neige, sur un petit bout de terre en dévers pour moi Fred et Obi. Joris et Rémi campent sur de grosses pierres plates.


J 60 (25 juin) : mile 835 à 855

Lever à 3h00 pour départ à 4h00 car grosse journée aujourd’hui : 20 miles au programme avec un col et une longue descente dans la neige. On préfère passer tout ça sur une neige dure. L’ascension de Muir Pass est longue mais pas trop pentue. Ça ressemble plutôt à une succession de petits cols. On fait donc ça chacun à notre rythme, pas besoin de rester groupés. On arrive en haut facilement vers 6h00. Une petite pause et on repart pour profiter de la bonne neige. La descente est facile mais s’étend sur 7 miles. On croise de nombreux lacs gelés puis en eau. Puis on descend en lacets et la neige disparaît. On traverse de nombreux cours d’eau dont la redoutée Évolution creek qui est largement sortie de son cours pour inonder la prairie. Elle n’est pas franchissable au passage habituelle car trop violente. On la traverse donc sur un trajet alternatif où elle est assez plate et moins impétueuse. Elle est très large (une trentaine de mètres) et assez profonde (à la taille pour moi) mais elle se traverse assez facilement finalement. On longe ensuite la south fork San Joakin river qui est très grosse mais que l’on franchit heureusement sur un pont de bois. On campe au bord sur un joli spot.


J 61 (26 juin) : mile 855 à 874

C’est mon anniversaire aujourd’hui et pour fêter ça, Fred m’offre un bon thé chaud au réveil. On fait l’ascension pour Selden Pass, un col facile pour lequel on ne s’est pas donné la peine de se placer. On marche 11 miles pour y accéder. On passe par de nombreux lacs en eau et des forêts après avoir fait une grosse montée en lacets. La neige commence 2 miles avant le col mais ce n’est pas très pentu. On fait l’ascension non groupés car c’est facile. Je monte avec Rémi en tête et on n’a même pas besoin de chausser les crampons ni d’utiliser le piolet car la neige accroche bien et il n’y a aucun danger si on chute. On arrive au col à 9h00 et on va attendre Fred qui s’est un peu perdu dans la neige et ne va arriver que vers 10h15. On fait donc la descente dans la soupe…. En fond de vallée, on va traverser Bear creek, la deuxième rivière très redoutée de cette section. Elle est bien agitée effectivement et large (20 mètres environs pour une profondeur à la taille). On cherche le meilleur passage qui s’avère être en amont du chemin et on traverse un à un. C’est sportif et rude. Il faut bien assurer toujours 3 appuis sûrs (pieds-bâtons) et se tenir face au courant en évoluant de côté. Joris et moi passons d’abord, puis on va aider Obi sur la fin car elle mesure 1,54m et est donc beaucoup plus exposée au courant que nous (l’eau lui arrive au dessus du nombril et sur la fin elle n’arrive plus à progresser sans danger). Nous passons donc tous et nous offrons un bon séchage sur les rochers et un bon déjeuner. On repart ensuite pour les 5 derniers miles qui vont nous placer à 7 miles de VVR (Vermillon Valley Resort), notre étape de réapprovisionnement. Fred chute accidentellement dans un petit cours d’eau. Il ne se fait pas mal mais a mouillé son appareil photo (on ne protège toutes nos affaires que sur les gros cours d’eau). Il le fait sécher dans un sachet de riz et on verra dans 1 à 2 jours. Le campement est bourré de moustique, la saison commence…


J 62 (27 juin) mile 874 à 875 + 7,5 miles de jonction pour VVR

On part tranquillement à 7h00 avec une demi heure de montée puis une grande descente qui va nous faire passer de 9 900 pieds à 7 600 pieds dans une forêt. On arrive finalement au bord du grand lac Thomas Edison (un lac qui approvisionne un barrage hydro-électrique) que l’on longe pour arriver à VVR, un petit village de vacances en montagne pourvu d’un petit magasin. On va camper là cette nuit et manger un bon burger. Douche et lessive sont bienvenues après 8 jours en montagne !


J 63 (28 juin) : mile 878 à 888,5 + 1,5 mile jonction VVR

On quitte VVR à 9h00 et on s’offre la traversée du lac en bateau. On marche 1,5 mile pour rejoindre le PCT puis on entamé la montée que l’on monte chacun à son rythme. Au bout d’une heure, un hélicoptère du shérif se met à tournoyer au dessus de nous et le ranger nous parle avec son haut parleur mais on ne comprend rien. Il se pose entre les arbres pas loin de nous et vient nous demander qui est Fred car sa balise de détresse a été activée. Fred est derrière nous tous et on commence à s’inquiéter pour lui quand finalement il arrive 20 minutes plus tard. Il s’agit heureusement d’une fausse alerte, probablement un dysfonctionnement de la balise. On se confond en excuses mais le shérif est super cool et nous dit préférer une fausse alerte plutôt qu’un accident. Il nous propose même de faire une photo de nous devant l’hélicoptère !

Nous reprenons notre montée un peu secoués tout de même. Nous traversons un torrent sous une cascade, c’est magnifique. Vient ensuite l’ascension de Siker Pass que nous faisons donc dans la neige molle. C’est long et pénible mais pas difficile. La descente va se faire dans la neige jusqu’au campement où nous trouvons un petit coin sans neige pas loin d’une cascade.


J 64 (29 juin) : mile 888 à 906 + 3,5 miles de jonction pour Mammoth

On part à 6h00 et on va rester la majeure partie de la journée vers les 10 000 pieds, ce qui fait qu’on va patauger dans la neige molle où les névés toute la journée, même quand on arrive à 8 000 pieds, ce que l’on n’attendait pas. On met don un temps fou à parcourir des miles que l’on pensait faciles. On arrive vers 17h00 au parking et le stop ne marche absolument pas. On finit par commander un Uber qui nous fait arriver à la station de ski de Mammoth vers 19h30. On se fait un gros burger et on trouve le dernier petit bungalow libre de la station (tous les campings et les hôtels sont pleins, on est samedi).

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