J29 (25 mai) : Mile 478 à 501
Beau temps ce matin. Nouveau petit déjeuner royal puis séance photo par mama avant notre départ. Elle ne nous trouve pas assez souriants et du coup se retourne et baisse son pantalon pour nous montrer ses fesses ! Fou rire général. Mama est parfaitement satisfaite de son effet et de la photo. Elle nous emmène en voiture au départ du chemin, nous fait à nouveau un gros câlin à chacun et nous souhaite bon courage.
Le départ se fait comme c’est d’usage par une bonne montée et se poursuit sur les sommets pendant un bon moment, traversant des forêts de chênes. Malheureusement le mauvais temps annoncé pour demain arrive dès 15h00 avec le scénario habituel : le vent se lève rapidement et se met à souffler en rafales glaciales puis le ciel se noirci progressivement. Je reçois même une alerte météo sur mon téléphone : « attention, phénomène météo en cours, vous êtes en zone inondable ». Tient, on l’avait pas encore eue celle-là ! Je passe rapidement le mile 500 pour la forme et me trouve un abris pour planter ma tente. Encore un repas préparé sous le minuscule auvent du fait de la pluie et je suis sous le duvet à 18h30 à écouter la pluie tomber sur moi.
J30 (26 mai) : Mile 501 à 518
Chers amis.
Je vous écris donc de Sibérie ou je randonne depuis 1 mois maintenant. On sent l’été qui frémit et se rapproche à grands pas : ce matin nous sommes repassés en positif et il fait déjà 2 degrés ! C’est tout à fait inhabituel et précoce. Nous nous réjouissons et nous promenons joyeusement le long des chemins en tenue légère, juste nos pulls, bonnets, gants, doudoune, pantalons longs et vestes de pluie. Quel bonheur. Je me prend même à imaginer revoir le soleil bientôt.
Bref, c’est donc une nouvelle journée de pluie et de brouillard qui nous attend et je commence à vraiment me décourager. J’ai l’impression de passer d’un phénomène météo à l’autre et de ne plus prendre aucun plaisir à marcher depuis un moment déjà. Encore une fois je ne vois pas grand chose des paysages qui m’entourent, le vent est violent et glacial. Je marche la tête baissée, le dos courbé. Nous sommes de pauvres vagabonds bossus errants dans des paysages abandonnés et désolés à la recherche d’un peu de chaleur qui ne vient pas.
J’arrive à Hiker town, la porte d’entrée du désert où je retrouve mes camarades. On avait prévu de passer la nuit dans ce mini village de western pour les hikers mais il n’y a déjà plus de place à 13h00 et pas vraiment d’endroit pour dormir et s’abriter du vent violent qui souffle à pleins poumons dans cette immense pleine. Planter sa tente semble relever de l’exploit.
Je me sens épuisé et vide. Je vais prendre une douche rapide dans le camp avant d’envisager la suite. L’eau est chaude mais c’est juste une toile minuscule transpercée par le vent et je tremble comme une feuille. Mais une fois séché ça fait du bien. On part ensuite faire du stop car il y a un magasin / snack à quelques miles qui pourrait peut-être nous accueillir. Et heureusement c’est le cas. On mange un bon burger au chaud et on s’installe dans une pièce attenante qu’à aménagée le propriétaire pour les hikers. On se retrouve à une vingtaine et allons passer la nuit ensembles. Le patron nous offre à tous une bière le soir. On se prépare à la traversée du désert sur les prochaines 50 miles. Habituellement il se fait de nuit à la frontale car il fait trop chaud la journée. Mais cette année n’est décidément pas comme les autres et pour nous cela se fera de jour en blouson, bonnet et gants de jour….