J31 (27 mai) : Mile 518 à 541,5
Nous partons avec pas mal d’eau car il n’y a qu’un seul point de ravitaillement sur les 50 prochaines miles.
Le soleil a refait son apparition mais le vent est très fort, annoncé à 60 km/h avec des rafales bien plus violentes. On a l’impression que le soleil qui est pourtant bien présent ne chauffe pas du tout, c’est assez étrange.
On commence par longer l’aqueduc qui approvisionne Los Angeles en amenant l’eau de la Sierra Nevada vers la côte. C’est tantôt un canal ouvert, tantôt un gros tuyau fermé, tantôt une canalisation en béton enterrée. On va le suivre pendant près de 15 miles sur d’infinies lignes droites et du plat. Il y a énormément d’éoliennes qui alimentent Los Angeles, plusieurs centaines sans doute. Heureusement sur cette section nous avons le vent dans le dos. Nous avançons donc rapidement et avons déjà franchis les 17 premiers miles à 13h00 pour notre pause déjeuner. Ce ne sera pas le cas l’après midi où le chemin revient dans un grand arc de cercle face au vent pour entamer la montée d’une montagne où se trouve le seul point d’eau du désert. Ça devient très sportif et marcher est parfois impossible dans les grosses rafales sur les crêtes. Je suis obligé de m’arrêter et me mettre de dos pour laisser passer les risées avant de reprendre mon chemin en louvoyant.
Finalement j’arrive au point d’eau qui est au fond d’un vallon profond et sombre où le vent s’engouffre violemment. On a déjà fait 24 miles et je suis fatigué. Je décide de m’installer ici avec Fred car le prochain spot est à plus d’une heure de marche et il fait déjà sombre. D’autres hiker sont déjà installés et on voit leurs tentes balayées par le vent danser le twist dans des claquements de tissus impressionnants. Rémi et Joris décident de continuer plus loin (ils nous diront que ce n’était pas mieux, Rémi ayant même renoncé à planter sa tente a dormi à la belle étoile) .
On a beaucoup de mal à planter nos tentes. Celle de Fred s’envole alors qu’il avait presque fini de l’installer et la mienne s’aplatit complètement au moment où j’ouvre l’auvent pour ranger mes affaires malgré les sardines bien plantées et sécurisées par de grosses pierres … On fait le plein d’eau pour demain et on file manger chacun sous nos tentes en tenue d’hiver et en espérant qu’elles ne se déchirent pas. Vive le désert.
J32 (28 mai) : Mile 541,5 à 567
Finalement j’ai passé une très bonne nuit. J’ai écouté de la musique pendant que le vent battait ma tente et me suis endormi. Je me suis réveillé vers 23h00 et le vent était complètement tombé. Au réveil tout est trempé alors qu’il n’a pas plu. Je décide de prendre mon temps aujourd’hui. La météo est annoncée bonne et le vent moins fort. Je prend donc un café et des céréales. Ça faisait longtemps que je n’avais pas pris de petit-déjeuner. Lorsque je pars il fait déjà bon et je peux rapidement quitter ma veste. C’est agréable de pouvoir remarcher sans se faire malmener par les éléments. Une grosse montée raide m’attend et je retrouve du plaisir à marcher. Je peux enfin revoir les paysages qui m’entourent. Au sommet, un trail Angel à installé un petit salon de plein air avec des chaises et des parasols au milieu de nulle part. C’est très étonnant et agréable. Je prend le temps de me poser avec d’autres randonneurs, de manger des tortillas et de l’ eau déposés à notre intention.
L’après-midi se fera avec la descente de cette même montagne puis la traversée de nouveaux champs d’éoliennes (encore plus nombreuses que la veille). Je comptais bivouaquer 7 ou 8 miles avant la ville de Tehachapi mais le chemin serpente dans les éoliennes. C’est très bruyant et il n’y a aucun endroit pour planter sa tente. Je vais donc aller au bout des 26 miles et retrouver Fred qui était parti très tôt du campement ce matin. On fait même la course à la fin pour rejoindre la route. Il a trop d’avance et j’arrive juste derrière lui malgré mes efforts. On appelle un trail Angel qui vient nous chercher et va nous loger pour 2 nuits.