J11 à J15 (7 au 11 mai) : Mile 179 à 266


J11 (7 mai) : Mile 179 à 190,5 + 4,5 Miles d’ascension

Après une bonne nuit à l’hôtel, une bonne douche chaude et un repas dans un petit restaurant très sympa avec de la bonne musique folk, je repars le cœur léger vers 12h00 pour commencer une bonne grosse remontée de 800 mètres de dénivelé qui va me ramener sur le chemin. Il fait très beau aujourd’hui et c’est à peine si je reconnais les paysages désolés que j’ai traversés hier après midi dans le brouillard et la neige. C’est absolument idyllique, la forêt est magnifiquement belle, on traverse des petits ruisseaux de partout. Il y a de gros blocs rocheux qui surplombent le vide et je m’installe au sommet de l’un deux pour manger et contempler tout ce que l’on surplombe. Il y a une mer de nuages en dessous de nous et je ne vois même plus Idillwild. Pour une fois je me retrouve au dessus du mauvais temps ! Le chemin continue sur un tapis composé de terre et d’épines de pin. Ça sent la résine de sapin.

Au bout d’un moment, ça se remet à monter puis on entame une descente sur le versant nord du mont San Jacinto. Les choses se compliquent car il y a maintenant de la neige partout et le chemin à donc disparu. Comme il a neigé hier, on ne voit presque plus les traces de pas de ceux qui nous ont précédés. Je me perds une première fois puis me rattrape avec le GPS. Je récupère au passage Lee from Georgia et Hanna from California qui se sont perdus trop en bas du chemin. Nous décidons de finir l’après-midi ensembles jusqu’au campement c’est plus sûr. Nous y arrivons tard vers 18h30. Le temps de monter la tente et de manger, on file au lit. Demain, une descente infernale nous attend.


J12 (8 mai) : Mile 190,5 à 213

Le sentier va descendre dans des lacets infernaux pendant 6 heures non-stop, nous faisant passer de 8000 à 1000 pieds d’une seule traite, soit 2150 mètres. C’est long, c’est très éprouvant pour les pieds, pour les genoux et pour les hanches. Mes pieds me supplient d’arrêter le massacre mais je tiens bon. Oui mes pieds me parlent beaucoup depuis le départ. Ils aimeraient bien être le centre de certaines décisions, comme arrêter de marcher bêtement pour rien. Mais je dois garder les commandes sinon quel autre organe voudra prendre le pouvoir ensuite…?  

Bref, arrivé en bas de cette terrible descente, 6 heures plus tard donc, il fait sacrément chaud et me voilà arrivé au seul point d’eau disponible, une petite fontaine avec un petit rocher qui me permet juste d’avoir la tête à l’ombre, mon ami Lee occupant déjà la moitié de ce petit paradis. Je m’y installé pour un petit repos bien mérité et pour prendre mon repas de midi, enfin 13h30. Mais voilà que 3 autres filles arrivent. Je cède galamment ma place et repars pour la suite qui va s’avérer tout aussi savoureuse (il y a des jours comme çà, il faut attendre que ça passe). Je me retrouve donc en fond de vallée à 1000 pieds, dans une grande plaine qu’il va falloir traverser pour gravir la montagne suivante. Si on est descendu, c’est bien pour remonter. Le vent commence à se lever, tout d’abord de côté, ce qui me fait tituber à chaque pas,mais je suis encore relativement protégé par une colline.

Quand j’arrive au milieu de la plaine, le vent devient complètement fou et se met à souffler très fort avec de grosses rafales. Il est maintenant face à moi et je suis dans le lit d’une rivière asséchée, donc dans du gros sable qui se soulève en tornades. Je peine énormément à avancer et le sable me transperce de partout, surtout les yeux. Le chemin n’est pas bien balisé et comme je n’y voit pas grand chose, je sors le GPS. Au bout d’une heure, je réussir à sortir de cette tempête de sable, et je n’ai fait qu’un seul kilomètre !

Enfin, pour finir la journée, une petite montée pépère avec le vent dans le dos qui va m’amener sous une ferme d’éoliennes (tu m’étonne !) où se trouve un campement et un petit Trail magic d’eau.

Au fait, j’ai passé les 200 miles aujourd’hui !


J13 (9 mai) : Mile 213 à 233,2

Aujourd’hui commence l’ascension d’une nouvelle montagne qui va nous mener à nouveau vers les 8500 pieds, mais sur 2 jours. Ça commence par une succession de montées et descentes. Je croise là un certain WoodPa, un gros nounours avec un sac qui semble tout petit à côté de lui. Il déboule derrière moi à tout vitesse et me salue : Hi I’m WoodPa, howareyouman ? dans un accent tout américain. Je le salue aussi puis le laisse filer à toute vitesse. 10 minutes plus tard, je le retrouve assis par terre en train de fumer un gros pétard (il est à peine 8h du matin). Je le repasse donc péniblement car ça monte sec. 10 minutes plus tard je le vois redébouler, lancé à pleine vitesse en chantant. Il me resalue en passant et se met à courir. J’en reste scotché dans ma montée.
Un peu plus tard, première traversée d’une grande rivière, la White River. Il y a des troncs d’arbre pour nous aider mais les pieds seront mouillés malgré tout.

A nouveau le chemin monte et descend pour arriver dans des gorges où coule un ruisseau que nous allons remonter tout l’après-midi, le Mission Creek. L’avantage c’est qu’on a plein d’eau à boire. Mais l’inconvénient c’est que le chemin n’est plus balisé dans les multiples croisées de rivière. Je perds un temps fou à retrouver mon chemin, m’aidant le plus souvent du GPS. Je finis par être trop fatigué pour atteindre le campement que je visais 2 miles plus haut et me pose au bord du ruisseau sur un petit spot pas si mal que ça. 30 minutes plus tard me rejoint Lee que je croyais devant moi. Il s’était perdu dans les traversées de rivière et son GPS ne marchait pas. Il se pose à côté de moi épuisé.


J14 (10 mai) : Mile 233,2 à 256

Lorsque je me lève, c’est à nouveau un gros brouillard. D’autres randonneurs m’avaient prévenu hier que la météo prévoyait de l’orage et de la pluie. Et cela va s’avérer vrai. Je me suis donc levé tôt, vers 5h30 pour un départ à 6h30, en prévision du mauvais temps et de la grosse ascension qui m’attend et qui me fera passer de 4500 à 8500 pieds ce matin. Il se met à pleuvoir vers 9h00 mais pas trop fort. Cela va durer toute la journée et se transformer en neige quand j’arriverai au dessus de 8000 pieds. C’est froid mais heureusement sans vent pour une fois. On traverse encore une fois une forêt brûlée. Avec le brouillard c’est fantomatique.

Arrivé au sommet, le chemin va faire des petites descentes et montées pour le reste de l’après-midi, ce qui est assez roulant et me permet de pousser un peu plus loin que prévu. J’arrive ainsi à aller jusqu’à un petit camp avec des tables pour s’assoir manger, ce qui est un luxe. Je retrouve à nouveau Lee et un nouveau camarade Sud Africain très sympa qui nous fait un petit feu de camps. La nuit est bonne et pas trop froide car on est redescendu à 6500 pieds.


J15 (11 mai) : Mile 256 à 266

Ce matin lever très tôt à 5h00 pour un départ à 6h00 car je dois être à Big Bear avant midi pour réexpédier mon colis qui contient le matériel pour la Sierra Nevada (crampons + piolet + pantalon de ski + guêtres). J’ai donc 10 miles à faire puis du stop pour rejoindre la ville.

Il a plu toute la nuit, la tente est trempée. Je la plie donc telle qu’elle, il faudra trouver un moyen de la faire sécher.

en me levant à 5h00, je vois passer plusieurs groupes d’au moins 20 randonneurs. Je n’en ai jamais vu autant et me demande ce qui se passe. Je commence à marcher et je double pas mal de monde. Puis j’entends des cloches sonner et des gens crier. J’arrive à un stand et je comprends que tous ces gens font un raid dans la montagne. Il s’agit d’ une course de 28 miles. Je comprend maintenant pourquoi toutes les filles que je viens de doubler sont habillées en rose et sentent bon le déodorant. C’était assez inhabituel de voir des gens propres et qui sentent bon par nos sentiers…

Je force un peu le pas car le sentier est assez roulant ce matin. En 3 heures j’ai accompli mes 10 miles et me fais prendre en stop en moins de 5 minutes. Le problème est que que ce n’est pas un gars d’ici. Il ne me dépose pas au bon endroit mais pile de l’autre côté du lac. Heureusement un gars du coin me prend dans son énorme 4×4 et me conduit au bon endroit avec de la musique country à fond. Il est adorable et me fait même visiter un peu le coin. J’arrive à temps à la poste et vais me trouver une chambre pour faire ma lessive + une douche et mes courses. Je fais encore sécher ma tente dans la douche. Pluie prévue encore pour les 2 prochains jours…

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s